vendredi 25 février 2011

Black History Month : Louis Delgrès


Un timbre à l'effigie de Louis Delgrès (1766-1802)

Pour finir ma série sur le Black History Month, je voudrais parler de Louis Delgrès. C'est en partie à cause d'une  mauvaise expérience que son nom m'est resté. J'allais à la facà l'université de Créteil et je tombe sur un professeur antillais. On discute histoire et moi zélé comme un pan, fait étalage de mon savoir que je pensais étendu. Arrive le moment où il me dit :
"[...] Mais oui ! Tout comme Mulatresse Solitude et Louis Delgrès" 
Blanc. Je ferme rapidement ma bouche arrogante et ignorante et j'écoute.
Il va sans dire que je me suis jeté sur un dico pour me remettre à niveau. Je vais donc parler de mon peu de connaissances réhaussable par Wikipédia.

Louis Delgrès est né en Martinique mais c'est en Guadeloupe que son nom marquera l'histoire. Le contexte : l'esclavage aboli depuis 8 ans, on est en 1802. Louis, aide de camp, est au côté de Jean-Raymond de Lacrosse quand survient l'insurrection du 24 octobre de l'année 1799.
Il rejoindra rapidement le camp des insurgés pour devenir plus tard chef de bataillon. Napoléon voit cette insurrection comme une mutinerie et envoie 6 mois plus tard un armée de 4000 hommes commandés par le Général Richepanse. La foule est en liesse et ne se doute pas que leurs intentions ne sont pas cordiales. Les soldats insulaires sont désarmés. Delgrès déserte.

Le 10 mai 1802, il publie le texte suivant (extrait) :

Le général Richepanse, dont nous ne connaissons pas l'étendue des pouvoirs, puisqu'il ne s'annonce que comme général d'armée, ne nous a encore fait connaître son arrivée que par une proclamation, dont les expressions sont si bien mesurées, que, lors même qu'il promet protection, il pourrait nous donner la mort, sans s'écarter des termes dont il se sert. A ce style, nous avons reconnu l'influence du contre-amiral Lacrosse, qui nous a juré une haine éternelle… Oui, nous aimons à croire que le général Richepance, lui aussi, a été trompé par cet homme perfide, qui sait employer également les poignards et la calomnie. Quels sont les coups d'autorité dont on nous menace ? Veut-on diriger contre nous les baïonnettes de ces braves militaires, dont nous aimions calculer le moment de l'arrivée, et qui naguère ne les dirigeaient que contre les ennemis de la République ? Ah ! plutôt, si nous en croyons les coups d'autorité déjà frappés au Port-de-la-Liberté, le système d'une mort lente dans les cachots continue à être suivi. Eh bien ! nous choisissons de mourir plus promptement.

Le goût de la liberté est une drogue trop enivrante une fois qu'on  y a goûté. Des groupes se forment et bien vite la révolte explose. Louis Delgrès avec toute son expérience de militaire réussit à faire face aux hordes de Richepanse mais il ne fait pas le poids. Il quitte le 20 mai le fort où ils sont reclus pour se réfugier au pied de la Souffrière à Matouba. Ils sont 500 environs et l'armée de Richepanse compte 1800 hommes.
Le 28 mai 1802, la bataille éclate et les troupes de Delgrès se réfugie dans un fort. Des barils de poudre sont installés partout dans le fort dans lequel se sont cachés 300 hommes, femmes et enfants. On entend crier :
Vivre ou mourir !
Boom ! On trouvera parmi les cendres la Mulâtresse Solitude. 
Le 17 mai 1802, Napoléon rétablissait l'esclavage. Le motif invoqué est le rétablissement de l'économie sucrière pour pouvoir disposer de fonds en cas de guerre avec les autres grandes nations colonisatrices de l'époque.

Merci Louis Delgrès !

Damian Cham

Références : 
Mes étoiles noires - Lilian Thuram
Wikipédia 
Site du Comité pour la Mémoire et l'Histoire de l'Esclavage - http://www.comite-memoire-esclavage.fr/spip.php?article687