mercredi 16 février 2011

Black History Month : Lorenzo Dow Turner


Mur d'accueil de l'exposition Word, Shout, Song
Smithsonian Anacostia Museum
Février 2011

C'est une magnifique découverte que j'ai eu la chance de faire hier en visitant le Anacostia Museum à Washington. L'exposition se concentrait sur le travail de Lorenzo Dow Turner ... Un scientifique afro-américain qui a réussit à faire un lien entre le langage Gullah parlé sur la Côte Gullah (Gullah Coast qui part de Géorgie jusqu'en Caroline du Sud).

Petit focus sur Lorenzo Dow Turner : Sa famille était libre depuis quatre générations quand il est né en 1890. En effet, son arrière-grand-mère Sally Rooks et Jacob Brady, un esclave appartenant probablement au père de Sally, ont 4 filles. Selon la règle en vigueur dans le Sud, le statut légal d'un enfant dépend de celui de la mère. Elles sont donc toutes libres. La dernière fille, Margaret (Peggy), se marie à un esclave libre Daniel Turner, propriétaire de terre et il sait lire et écrire.
Les générations se poursuivent et la famille Turner apportent son lot d'avancement dans la communauté noire. Le père de Lorenzo, Rooks Turner, a par exemple fondé la première école pour afro-américains dans la section est de l'état de Caroline du Nord. Suite à une altercation avec un blanc, il devra fuir ayant peur pour sa vie. Lorenzo avait 6 ans.
Brillant, il passera par les Universités d'Howard et de Harvard tout en travaillant en tant que serveur et en jouant dans l'équipe de baseball et en participant au débat. Où est-ce qu'il trouvait le temps !? J'ai mis pu lire sur un cahier de note qu'il dédiait 8h pour son boulot de serveur pour payer ses études, 12h à ses études, 4h pour son sommeil. Il est aussi tellement beau qu'il reçoit aussi le prix du "Most Handsome Senior", en gros c'était une be-bom ! Il se marie en 1919.
Après avoir obtenu son master à Harvard, on lui propose un poste de professor d'anglais à Howard. Il ne cessera d'évoluer par la suite. Il aura même un PhD de l'Université de Chicago l'année de son mariage.
Sa premier contact avec ce qui deviendra ensuite ce qu'il nous laissera en héritage : sa dissertation sur "le Sentiment Anti-esclavagiste dans la littérature américaine avant 1865". Cette dissert' contient les premières bases de son travail sur le Gullah.

Son travail : Turner s'est intéressé à la population Gullah dont le language n'avait aucune ressemblance avec l'anglais.Ils vivaient sur la côte dans les états de Géorgie et Caroline du Sud. Il s'est armé d'un questionnaire, d'une équipement permettant la transcription de sons phonetic et d'une dictaphone (petit maintenant mais le sien à l'époque pesait plus de 50 kilos !). Il les interviews, les enregistre et commence à faire des conclusions. Conclusions qui seront présentées en décembre 1932 à Harlem. Pour lui, le langage Gullah est un langage à part entière et le démontre en utilisant ses enregistrement. Il ne fait pas encore le lien avec des origines africaines car il ne peut pas encore le prouver.
Il étudie alors des langues arabes et africaines à la School of Oriental Studies à Londres. Des études qui le feront même passer par l'exposition internationale au Grand Palais à Paris, été 1937. Au final, il réussira à faire une correspondance entre le Gullah et des langages comme le wolof, bambara, fon, etc. mais aussi avec des langues arabes.

En 1990, Joseph Opala découvre une chant entamé par une famille que Turner avait interviewé. Accompagné d'autres scientifiques, il organise une rencontre entre Mary Moran descendante d'une tribu Mende vivant sur la côte Gullah et Baindu Jabati, une femme Mende de Sierra Leone. Il s'avère que la chanson est une chant traditionnel funéraire que les Gullah se passaient de mère en fille. Un ancien du village résume cette possibilité par le proverbe : "You can identify a person's tribe by the language they cry in" autrement dit "il est possible d'identifier la tribu de quelqu'un par la langue dans laquelle il pleure".

Lorenzo Dow Turner réussira même à trouver des ressemblances au Brésil ! Il meurt en 1972. Incroyable, cet homme quand même ... J'ai beaucoup raccourci pour ne pas être trop indigeste donc si vous voulez plus d'informations, n'hésitez pas à fouiller dans mes références.



Merci Lorenzo Dow Turner !

Damian Cham

Références :
Livret Lorenzo Dow Turnet, Connecting Communities Through Language - Smithsonian Anacostia Community Museum, Washington DC
Wikipédia
Livre Lorenzo Dow Turner : Father of Gullah Studies - Margaret Wade-Lewis